Colique et colite : quelles différences chez le cheval

par | Juin 29, 2021 | Pathologies

La colique et la colite chez le cheval sont deux affections intestinales et abdominales à l’origine d’importantes douleurs pouvant entraîner la mort du cheval. Leurs symptômes sont assez proches, mais leurs origines diffèrent. Ce sont deux pathologies qui doivent être soignées rapidement afin de ne pas être fatales pour le cheval. Il est donc nécessaire de connaître les causes, les symptômes et les traitements de la colique et de la colite du cheval pour pouvoir agir en cas de besoin.

La colique chez le cheval

Qu’est-ce qu’une colique chez un cheval ?

La colique est la première cause de mortalité chez le cheval. C’est un terme qui englobe une large palette d’affections intestinales et abdominales liées à un ralentissement ou à un arrêt intestinal.

La colique est à l’origine de fortes douleurs à l’estomac, aux intestins et aux autres organes. On la reconnaît lorsque le cheval se roule et regarde ses flancs.

La colique n’est pas une maladie, il s’agit d’un ensemble de symptômes plus ou moins identiques selon l’origine de la douleur. Lorsque le cheval est victime d’une colique, il est victime de fortes douleurs au niveau des systèmes digestifs et intestinaux. Il existe trois types de coliques : la colique par obstruction (bouchon dans le tube digestif), la colique par dysmicrobisme (problème de digestion), la colique « chirurgicale » (torsion accidentelle du viscère ou retournement d’estomac).

Chaque type de colique est très dangereux pour le cheval, il faut donc agir rapidement dès l’apparition d’un ou de plusieurs symptômes.

Plusieurs symptômes permettent de reconnaître une colique chez le cheval :

  • Augmentation de la fréquence cardiaque (tachycardie) proportionnellement à la douleur;
  • Diminution ou absence de bruit intestinal : en temps normal, c’est un bon indicateur de l’état du système digestif;
  • Déshydratation;
  • Changement de couleur des muqueuses : elles deviennent rose foncé et même violettes en cas d’état de choc ;
  • Distension des parois intestinales : cela peut être vérifié par une palpation transrectale qui permet également de vérifier la présence ou non d’une masse dans les intestins du cheval;
  • Ralentissement ou arrêt du transit : cela peut être contrôlé lors d’un sondage naso-gastrique.

En cas de colique, il est également possible d’observer que  le cheval regarde ses flancs et cherche à se soulager en se couchant ou en se roulant. Cependant, il est fortement déconseillé pour le cheval de se rouler en cas de colique, car cela peut entraîner une torsion de l’estomac qui peut aggraver la colique et engendrer la mort du cheval.

Les principales causes de la colique chez les chevaux

Plusieurs facteurs peuvent être à l’origine de coliques chez le cheval : des origines mécaniques et origines extra digestives.

causes de la colique du cheval

Les origines mécaniques de la colique chez le cheval :

 La colique est généralement liée à un ralentissement ou à un arrêt du transit digestif. Dans ce cas, les causes sont dites « mécaniques », car elles sont causées par un dysfonctionnement localisé dans le tube digestif.

  • Les atteintes de l’estomac :

Dans la cas d’une colique liée à un dysfonctionnement de l’estomac, deux cas de figure existent : l’impaction et les ulcères gastriques. Ces deux cas sont généralement résolus par un sondage naso-gastrique réalisé par un vétérinaire.

L’impaction est une consommation d’aliments en trop grande quantité causant une surcharge de l’estomac. L’aliment le plus concerné par l’impaction est la paille, car elle est souvent consommée en abondance par rapport à la petite taille de l’estomac du cheval (environ 20L). Le cheval ne pouvant physiologiquement pas vomir, l’estomac se distend et est à l’origine de fortes douleurs chez le cheval.

Les ulcères touchent 50% des chevaux de sport et jusqu’à 100% des chevaux de courses. Ils sont souvent liés à un mode de vie inadapté et à un stress trop important. C’est un type de colique peu intense, mais assez récidivant.

  • Les atteintes de l’intestin grêle :

Dans le cas d’une colique liée à une atteinte de l’intestin grêle, une chirurgie est souvent nécessaire. Quatre cas de figure existent : l’impaction, la hernie inguinale, le foramen épiploïque, l’iléus paralytique.

L’impaction de l’iléon correspond à une accumulation de résidus alimentaires dans la partie terminale de l’intestin grêle en formant un bouchon. Ce dernier peut être expulsé avec un traitement médicamenteux (laxatif ou perfusion), mais dans les cas les plus graves, la chirurgie est nécessaire.

La hernie inguinale a lieu lorsque l’intestin se déplace et passe à travers un des anneaux inguinaux et se coince. Dans ce cas, le transit est alors interrompu et une chirurgie est nécessaire.

Le foramen épiploïque a lieu lorsque l’intestin se coince dans un orifice de l’abdomen. C’est un peu le même cas que la hernie inguinale, et une chirurgie d’urgence est nécessaire.

L’iléus paralytique est une paralysie de l’intestin sans obstruction physique.

  • Les atteintes du Caecum :

Deux cas de figure existent : l’impaction et la distension gazeuse.

L’impaction du caecum est causée par l’accumulation de particules solides et se soigne généralement par un traitement médicamenteux.

La distension gazeuse est principalement liée à un arrêt du transit en association à un autre type de colique et est très douloureuse. Pour évacuer l’excès de gaz, le vétérinaire peut procéder à une intervention à l’aide d’un trocart.

  • Les atteintes du côlon :

En cas d’atteinte du côlon, trois cas de figure existent : l’impaction, le déplacement (à droite ou à gauche), le volvulus.

L’impaction résulte d’une surcharge alimentaire du côlon lorsqu’une quantité trop importante d’aliments secs a été consommée. Ces derniers forment alors un bouchon qui est le plus souvent éliminable par l’administration de laxatifs et d’antalgiques.

Le déplacement du colon peut se réaliser à droite ou à gauche. En cas de déplacement à droite, le côlon se retrouve entre le caecum et la paroi abdominale. En cas de déplacement à gauche, le côlon se coince entre la rate et la paroi abdominale et peut même entraîner un entrappement néphrosplénique.

Notons que les déplacements du côlon sont souvent les conséquences d’une surcharge et se soignent dans 70% des cas sans intervention chirurgicale avec la simple administration de médicaments.

Le volvulus du gros côlon est une torsion du gros colon sur lui-même. C’est un cas très grave et douloureux pour le cheval. Seule une intervention chirurgicale immédiate peut sauver le cheval, car c’est une atteinte fulgurante.

  • Les atteintes du rectum :

Le blocage de la vidange rectale est également une des causes possibles de colique. En en étant victime, le cheval ne parvient pas à évacuer ses crottins. Cette obstruction est très courante en cas de mélanomes, en particulier chez les chevaux gris.

Les origines extra digestives :

Les origines extra digestives des coliques sont rares, mais elles présentent le même risque. Elles peuvent être d’origine :

  • Respiratoire : pleurésie;
  • Hépatique : intoxication;
  • Utérine : torsion utérine ou contractions;
  • Rénale : cystite;
  • Vasculaire : hémorragie, infarctus du myocarde;
  • Squelettique ou musculaire : fourbure, myosite.

Les solutions face à une colique

Les symptômes d’une colique peuvent être soudains et dans le cas de certaines origines (torsion par exemple), il est nécessaire de consulter un vétérinaire au plus vite.

Le vétérinaire commence alors par chercher l’origine de la colique et l’éventuelle présence de bouchons ou de déplacement du colon. L’évaluation du reflux gastrique est importante et il est possible d’y parvenir en réalisant une intubation naso-gastrique. Il est également fréquent de placer le cheval sous perfusion intraveineuse.

Dans certains cas, un simple traitement médicamenteux à base de morphine, de paraffine, d’antispasmodiques et d’AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) est efficace. Cependant, dans certains cas les plus graves, les transferts dans des cliniques spécialisées afin de réaliser des opérations sont nécessaires.

Ces interventions sont très coûteuses (en moyenne 5000€) et les chances de survie du cheval dépendent de son âge, de son état de santé et de la gravité de la colique.

Dans tous les cas de coliques, le cheval atteint sera contraint à une diète hydrique et à une alimentation adaptée (généralement à base de petites quantités de son). La convalescence sera également adaptée, car une colique a un réel impact sur l’état de santé du cheval.

  • Certaines mesures peuvent être mises en place afin de prévenir et de limiter l’apparition de colique chez le cheval;
  • Fractionner les rations durant la journée en réalisant 3 à 4 repas par jour;
  • Limiter la consommation de blé (trop forte fermentation);
  • Privilégier la disposition de foin à volonté (au minimum 4 à 5kg) et limiter la quantité de paille (à l’origine de bouchons lorsqu’elle est consommée en trop grande quantité);
  • Respecter une durée de 5 heures par jour d’ingestion;
  • Respecter une durée d’accommodation en cas de changement d’aliment;
  • Limiter le stress du cheval;
  • Sortir régulièrement le cheval de son box ou favoriser la vie en extérieur;
  • Procéder à un suivi de vermifugation régulier.

Le cheval est très sujet aux coliques qui se manifestent très rapidement. Les symptômes des coliques se ressemblent, peu importe leurs origines. La colique du cheval étant dangereuse et souvent mortelle, il est important de réagir rapidement en cas de constatation d’un ou plusieurs symptômes.

Enfin, le cadre de vie du cheval doit être étudié afin de limiter l’apparition de colique.

La colite chez le cheval ?

La colite du côlon dorsal droit du cheval résulte principalement de la toxicité des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Elle se caractérise par l’apparition d’ulcération de la muqueuse, d’œdème et d’un épaississement de la paroi. D’autres perturbations comme une inflammation locale sont possibles. Les symptômes sont souvent constatés trop tard et les chances de survie du cheval sont alors grandement réduites.

Les principales causes de la colite chez les chevaux

La colite du côlon dorsal droit est souvent causé par l’utilisation d’AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) car ils jouent le rôle d’inhibiteur de production de prostaglandines, agent responsable de l’intégrité des muqueuses digestives.

Cependant, de nombreux agents étiologiques sont également considérés comme actifs dans le développement d’une colique : des toxines, des bactéries, des virus, des protozoaires ou encore des rickettsies.

Les signes cliniques d’une colite sont difficiles à déceler, mais se traduisent généralement par :

  • Des signes de dépression;
  • Des diarrhées;
  • Une perte de poids ou anorexie;
  • Une anamnèse de coliques récentes;
  • Une baisse du transit;
  • Un ténesme : tension douloureuse dans la région de l’anus ou de la vessie;
  • Une hyperthermie;
  • Un choc endotoxémique.

Certains chevaux peuvent développer une colite sans troubles digestifs primaires. Généralement, la prise d’AINS en continu est utilisée face à des troubles locomoteurs. Notons que ces symptômes sont parfois très compliqués à déceler.

Les solutions face à une colite

Le traitement d’une colite s’articule autour de trois points clés :

  • L’arrêt de la prise d’AINS ou une prise par intermittence,
  • La distribution d’une alimentation adaptée,
  • La réduction du stress.

La gestion de l’alimentation fait face à de nombreuses controverses. Certains spécialistes favorisent le fractionnement de la ration avec des composants riches en fibres (au minimum 30%) ou bien des composants moins riches, mais additionnés à du fourrage durant une période de 3 mois au minimum.

Cette alimentation a alors pour effet de diminuer la surcharge du côlon et de favoriser la digestion des fibres afin d’accélérer la cicatrisation.

En général, le traitement médicamenteux suffit, mais lorsque l’analgésie n’est pas contrôlée, l’option chirurgicale est envisageable afin d’éviter l’euthanasie. La colite du cheval peut alors être traitée avec des méthodes de by-pass du côlon dorsal droit.

Pour conclure, la colique du cheval et la colite chez le cheval sont deux affections distinctes qui présentent chacune de forts risques pour la santé du cheval. Elles sont très douloureuses pour le cheval et se manifestent selon les mêmes symptômes qui peuvent engendrer la mort du cheval s’ils ne sont pas traités à temps.

Il est donc nécessaire de rester vigilant à l’état de santé du cheval et à son cadre de vie en gardant un œil attentif à l’alimentation et au stress.

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