Piroplasmose chez le cheval : comment la traiter et l’éviter ?

par | Oct 26, 2021 | Pathologies

La piroplasmose chez le cheval est une maladie parasitaire potentiellement mortelle engendrée par une piqûre de tique dure infectée par un parasite protozoaire. Le germe inoculé par la tique s’attaque aux globules rouges du sang du cheval et les détruit, ce qui produit une anémie (baisse du taux de globule rouge) qui peut entraîner la mort du cheval.

Quelles sont les causes de la piroplasmose chez le cheval ?

La piroplasmose du cheval est une maladie parasitaire causée par une piqûre de tique, elle-même infectée par un parasite protozoaire : la Babesia caballi ou la Theileria Equi. Trois types de tiques agissent comme vecteurs de transmission des parasites : Dermacentor, Rhipicephalus et Hyalomma. Ces dernières sont généralement infectées lorsqu’elles ingèrent le sang d’un cheval porteur de parasites lors de leur repas sanguin.

La transmission de la piroplasmose du cheval a alors lieu lorsqu’une tique infectée mord un autre individu et répand sa salive infectée par les protozoaires. La période d’incubation de la maladie est de quinze jours à un mois après inoculation du parasite par la tique.

La piroplasmose n’est pas une maladie contagieuse, c’est-à-dire qu’un cheval ne peut pas contaminer un autre, mais une même tique porteuse d’un des deux protozoaires peut contaminer plusieurs chevaux. L’Homme est aussi un éventuel « vecteur de transmission » s’il n’utilise pas de seringues et d’aiguilles à usage unique lors de prélèvement sanguin par exemple.

Les deux parasites Babesia Caballi et Theileria Equi présentent des différences qui se traduisent par une variation de la maladie en fonction du parasite concerné.

Babesia caballiTheileria equi
Taille du parasite3 à 4 µm1 à 2 µm
CiblesHématiesLymphocytes puis les hématies
Forme intracellulairePiriformeTetra forme
Durée1 à 4 ansPlusieurs années ou à vie

La theilériose est transmissible de la jument gestante au poulain au cours de la gestation et peut ainsi causer des avortements, des poulains mort-nés et même des poulains atteints de piroplasmose à la naissance.

Les deux variantes de la maladie agissent différemment sur le système immunitaire. Pour la babésiose, la parasitémie, c’est-à-dire la concentration des parasites dans le sang, est faible, ce qui explique que le parasite ne reste que 1 à 4 ans chez le cheval. Dans le cas de la theilériose, la parasitémie est plus importante, le parasite persiste donc plus longtemps voire indéfiniment dans l’organisme du cheval.

Notons que la piroplasmose est dite enzootique, elle est présente tout au long de l’année dans les régions de l’Asie, de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Europe. En France, elle est présente sur l’ensemble du territoire et les cas cliniques sont plus fréquents au printemps et à l’automne.

Quels sont les symptômes de la piroplasmose du cheval ?

Tous les chevaux atteints de piroplasmose ne présentent pas nécessairement les mêmes symptômes. La maladie possède plusieurs formes (suraiguë, aigüe ou subaigüe aussi appelée forme chronique) qui possèdent leurs propres symptômes distincts. Il est même possible qu’un cheval soit porteur sain, c’est-à-dire qu’il ne présente aucune manifestation apparente de la maladie.

La babésiose et la theilériose possèdent les mêmes symptômes : on ne peut donc pas les différencier de cette façon. Notons qu’en l’absence de traitement, la piroplasmose peut provoquer la mort du cheval en quelques jours, bien que cela ne soit pas systématique.

symptômes piroplasmose

Les symptômes aigus de la piroplasmose chez le cheval

La forme aiguë est la forme la plus fréquente. Elle se traduit par les symptômes suivants :

  • Faiblesse;
  • Anorexie liée à la perte d’appétit;
  • Forte hyperthermie soudaine (température supérieure à 40°C) à l’origine d’importante transpiration;
  • Cheval en position décubitus latéral, c’est-à-dire coucher;
  • Hémoglobinurie : présence de sang dans les urines du cheval. Cela est reconnaissable par la couleur des urines, qui deviennent foncées;
  • Tachypnée : augmentation de la fréquence respiratoire du cheval;
  • Tachycardie : augmentation de la fréquence cardiaque du cheval;
  • Déshydratation;
  • Congestion des muqueuses : quantité trop importante de sang dans les vaisseaux sanguins à l’origine de leur dilatation. Cela est reconnaissable par la couleur des muqueuses qui deviennent rouges;
  • Œdème au niveau des yeux et des membres;
  • Ictère : la peau et les muqueuses deviennent jaunes;
  • Pétéchies : petites taches rouges sur la peau qui ne s’effacent pas sous la pression.

Les symptômes suraigus de la piroplasmose chez le cheval

Il s’agit de la forme la plus fréquente chez les poulains. La piroplasmose est alors néonatale et conduit le plus souvent à la mort. Elle se traduit par les symptômes suivants :

  • Anémie : baisse du taux d’hémoglobine dans le sang;
  • Ictère : la peau et les muqueuses deviennent jaunes (résultante de la baisse du taux d’hémoglobine liée à l’accumulation de bilirubine dans le sang);
  • Hyperthermie;
  • Faiblesse.

La forme chronique se constate quant à elle par une baisse de l’état général de santé du cheval et de ses performances.

Ces symptômes ne sont pas négligeables en vue de la gravité de la maladie de la piroplasmose. Il est alors primordial de faire appel à un vétérinaire en cas de doute qui peut établir un diagnostic et prescrire le traitement adéquat. Ainsi, seule la recherche directe du parasite ou de son génome (via un test PCR ou un frottis sanguin) et la recherche d’anticorps (via RFC, IFI ou ELISA) peuvent confirmer le diagnostic de piroplasmose chez le cheval.

Comment traiter la piroplasmose du cheval ?

La piroplasmose chez le cheval peut être mortelle si elle n’est pas prise immédiatement en charge dans les 24 à 48 heures après l’apparition des symptômes. Il est donc primordial de contacter un vétérinaire en cas de doute, car c’est le seul qui sera compétent pour établir un diagnostic et pour prescrire le traitement adéquat. Notons que certains chevaux guérissent sans traitement tout en restant porteurs latents et que dans certains la sérologie peut devenir négative au bout de quelques mois.

Il n’existe pas de traitement spécifique contre la piroplasmose chez le cheval. Cependant, plusieurs traitements peuvent être mis en place selon l’origine de la maladie. Comme nous l’avons vu, deux parasites peuvent être à l’origine de la piroplasmose du cheval : Babesia caballi ou Theileria equi.

Concernant la babésiose (portée par le Babesia caballi), la seule molécule qui existe en France est l’imidocarbe. Le traitement consiste à injecter au cheval deux doses en intramusculaire à 24 heures d’intervalle. La molécule a des effets anticholinestérasiques, c’est-à-dire d’inhibition d’enzyme, ici la cholestérase. En d’autres termes, la molécule bloque la dégradation de l’acétylcholine. Des effets secondaires peuvent apparaître, et le plus souvent ce sont des coliques, des diarrhées ou une transpiration anormale.

traiter la piroplasmose

Dans ces cas, des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont prescrits en compléments à l’imidocarbe en étant associés ou non à un antispasmodique en fonction des situations.

Dans le cas de la theilériose (portée par le Theileria equi), deux molécules existent : l’imidocarbe ou l’oxytétracycline. Lorsque l’on utilise l’imidocarbe, les injections diffèrent du précédent cas, car il est cette fois nécessaire de procéder à quatre injections à 72 heures d’intervalle, car ce parasite est plus résistant. En utilisant l’oxytétracycline qui est un antibiotique à spectre large, le protocole est d’une injection par jour en intraveineuse durant 5 jours.

C’est un traitement lourd qui nécessite une attention particulière, car il peut être très irritant pour les vaisseaux sanguins, l’injection est alors lente et réalisée par le biais d’une perfusion. Le traitement peut cependant être dilué ou injecté en intramusculaire à des doses plus importantes.

Il est également nécessaire de soutenir l’organisme général du cheval, car les traitements contre la piroplasmose sont lourds et peuvent provoquer des effets secondaires. Le cheval doit alors rester au repos dans un environnement calme et il est conseillé de lui administrer des compléments (vitamines, minéraux, acides aminés) pour stimuler la synthèse de globules rouges affectée par la maladie.

Le cheval peut aussi être placé sous perfusion et transfusion dans les cas les plus graves si la déshydratation et l’anémie sont trop importantes. Après son traitement, le cheval est mis au repos durant un à plusieurs mois afin de lui permettre de récupérer un état de santé correct.

Prévenir la piroplasmose du cheval ?

Actuellement, il n’existe aucun vaccin contre la piroplasmose chez le cheval contrairement à d’autres espèces animales comme le chien. À l’échelle internationale, la maladie est limitée grâce au contrôle des chevaux aux frontières. En effet, certains pays empêchent l’entrée de chevaux porteurs sur leur territoire, car ils sont considérés comme potentielles sources de propagation de la piroplasmose du cheval.

Ainsi aux États unis par exemple, un test sérologique négatif est primordial sinon le cheval est interdit d’entrée sur le territoire. À l’échelle locale, la prévention passe plutôt par le contrôle régulier des tiques. Pour cela, plusieurs pratiques sont à mettre en place :

  • L’entretien attentif et régulier du lieu de vie du cheval : il est primordial d’entretenir les boxes et prairies en inspectant les végétations environnantes et en désherbant les plants suspects afin de contrer la prolifération de tiques;
  • L’utilisation d’acaricide à diluer dans de l’eau afin d’empêcher les tiques de mordre. Ces produits sont à appliquer en quantités contrôlées sur le dos du cheval, mais il faut être vigilant à ne pas en abuser, car cela peut produire l’effet inverse et développer des résistances au produit;  
  • La diminution des contacts entre les chevaux et les espèces potentiellement porteuses de tiques comme les chiens, chats ou rongeurs afin qu’ils ne soient pas des vecteurs de transmission de la piroplasmose chez le cheval;
  • Le contrôle fréquent du cheval au retour dans l’écurie après une balade ou une sortie en extérieur afin de repérer les tiques et les enlever le plus rapidement possible. Une observation régulière et attentive du cheval est alors nécessaire notamment au moment du pansage, car les tiques se logent généralement dans les plis entre les membres, les oreilles et au niveau de la base des crins. Découvrez notamment notre article dédié à la création de lingettes de toilettage naturelles pour le cheval qui vous seront utiles lors du pansage et contrôle de votre cheval après ses sorties en extérieur. 

Pour enlever les tiques, nous vous conseillons particulièrement l’utilisation de pince à tiques, aussi appelées tire-tiques qui permettent d’enlever le corps et la tête de la tique lorsqu’elle est déjà plantée dans le corps du cheval. Il est obligatoire de retirer la tête, car c’est elle qui est à l’origine de la transmission de la piroplasmose via la salive de la tique.

Pour l’utiliser, rien de plus simple : une fois la tique repérée, placez la pince perpendiculairement à la peau du cheval en tournant doucement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Une fois la tique retirée, il est conseillé d’utiliser un spray antiseptique sur la plaie et la pince afin de les désinfecter.

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